— Ma fiancée est innocente.
— Ce n’est pas prouvé ; Colette Buckly, vous ne pouvez le nier, avait des intelligences dans la montagne ; elle a organisé le coup de main qui a sauvé Tomy Podgey, c’est elle qui a prévenu les brigands de la visite des constables.
William répondit :
— Colette n’avait pas de rapports directs avec les bandits, elle a obtenu leur appui par l’intermédiaire du jeune garçon dont la mère occupait cette chaumière que les constables ont brûlée après avoir presque assassiné la pauvre femme.
— Les constables ont dépassé les ordres de mon père, reprit lord Sulton, mais l’expédition était justifiée.
— Que sa Seigneurie me permette de le lui dire, la cruauté amène les représailles ; ce fait a été le point de départ du complot odieux qui a coûté la vie à lord Sulton.
— Et Colette y a été mêlée.
— Pas directement, mylord, son bon cœur seul l’a entraînée à s’intéresser aux proscrits ; cette jeune fille est incapable d’avoir approuvé un si horrible crime, j’affirme que si elle avait pu l’empêcher, elle l’eût fait.
— Sa Révérence avait le devoir de s’en informer ; j’approuve, en principe, l’arrestation de votre fiancée, elle devait répondre de sa conduite devant la justice.
— Alors elle sera condamnée.
— Elle est donc coupable ?
— Non, mais aux yeux de la justice anglaise, un Irlandais est toujours convaincu même des crimes qu’il n’a pas commis.
— Modérez votre langage, jeune homme. Les Irlandais devraient perdre l’habitude d’accuser les Anglais de tous leurs maux et de les charger à plaisir des plus sombres couleurs.
— Qui donc a réduit l’Irlande à l’état d’avilissement