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cette distinction anglaise, due en partie à un maintien raide et à un flegme imperturbable

Un domestique vint annoncer à sa Seigneurie que William Pody attendait ses ordres.

Lord Sulton accueillit le jeune homme avec beaucoup d’affabilité.

— Sir Welson, dit-il, m’a appris l’entretien qu’il a eu avec vous ; je vous accorde tout ce que vous demandez et je compte vous témoigner ensuite ma reconnaissance, si vous me mettez à même de venger la mort de mon père et de purger le pays des brigands qui le désolent.

— Mylord, reprit William d’une voix émue, en me rendant chez sa Révérence, ce n’était pas dans le but de lui révéler le secret que le hasard m’a livré ; j’ai demandé le motif de l’arrestation de ma fiancée, j’ai insisté pour connaître les preuves sur lesquelles le dénonciateur a appuyé sa calomnie, sir Welson m’a méprisé, insulté, menacé ! Je faisais appel à son équité, hélas ! Greenish est administrée par un juge à qui ce sentiment est inconnu.

Lord Sulton sourit sans se fâcher. Il avait passé de longues années loin de l’Irlande, ses idées étaient un peu plus libérales, il reconnaissait en partie la justice des plaintes des Irlandais et il avait déjà signalé son autorité par quelques mesures de bienveillance.

— Sa Révérence n’a peut être pas suffisamment tenu compte, dit-il, de l’exaltation de vos sentiments, causée par une douleur que je comprends. Votre fiancée vous sera rendue, mon ami, et quant à votre rival n’en ayez pas souci, il a un compte à rendre à la justice, il ne vous embarrassera pas longtemps. J’ai un devoir sacré à remplir, je dois venger la mort de mon père.

— Je le comprends, mylord, mais la justice commande de ne frapper que des coupables.

— Je ne souffrirai pas qu’il en soit autrement, je vous en donne ma parole.