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tâche ingrate que l’obstination de beaucoup rend impossible.

William laissa le brave homme terminer son panégyrique qui, comme d’ordinaire, avait le tort d’être très fantaisiste ; le très Révérend, fort indolent dans la pratique, avait une activité très grande en parole ; peut-être prenait-il ses intentions pour des réalités et croyait-il faire ce qu’il disait.

— Eh bien ! reprit-il, vous avez à me parler. Quel est votre nom ?

— William Pody.

— Fort bien ! je suis au courant de votre affaire, vous êtes le fiancé de Colette Buckly, vous venez solliciter la grâce de cette jeune fille. La question est fort délicate et demande à être mûrement étudiée. On m’a rapporté que votre fiancée avait des relations suivies avec les bandits de la montagne, on l’accuse même d’avoir joué un rôle important dans le complot qui a abouti à ce drame exécrable qui a jeté la consternation et le deuil parmi nous. Ce forfait demande un sévère châtiment, la main de la justice ne faiblira pas, je prouverai que les coupables ne sauraient échapper longtemps à mes recherches, je suis sur la voie du complot ; Colette Buckly est un des fils de cette trame ténébreuse, il faut qu’on la retrouve et, de gré ou de force, je lui arracherai la vérité. Je regrette, jeune homme, de vous refuser, mais je ne transige jamais avec le devoir.

Sir Welson s’essuya le front, cette longue tirade lui avait causé une certaine fatigue ; il s’arrêta un instant, William en profita pour dire :

— Je ferai remarquer à sa Révérence que je n’ai sollicité d’elle aucune grâce, je venais…

— Bien, bien, je pensais… c’était très naturel, après tout, un fiancé… enfin que voulez-vous ?

William expliqua la situation de Colette telle que