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Clary avait saisi la jeune fille dans ses bras pour la préserver des balles et essayer de fuir encore.

Une seconde détonation retentit. Le jeune homme laissa échapper un gémissement de douleur, il était atteint à l’épaule.

— Vous êtes blessé, dit Colette avec effroi.

— Ce n’est rien, répondit-il.

Il ne pouvait soutenir plus longtemps la jeune fille, il s’arrêta et lança dans l’espace un cri aigu.

Les constables répondirent par un bruyant hourrah et doublèrent le pas. Un coup de sifflet, puis un second répondirent au cri de Clary ; deux bandits armés jusqu’aux dents apparurent, suivis bientôt de deux autres.

— Ça va mal, camarade, dirent-ils ; nous avions entendu les coups de feu et nous accourions. Il s’agit, je crois, de rouler les constables.

— Je suis blessé, dit Clary à l’un des montagnards en lui désignant la jeune fille ; prends-la et fuis au plus vite.

— Et vous, Clary, allez-vous rester aux mains de la police ? je ne m’éloignerai pas sans vous, reprit Colette.

— Je vous suivrai, dit le jeune homme.

— Morbleu ! fit un des bandits, il faut ralentir leur ardeur. Attention, camarades, sur une ligne, maintenant, feu !

Une violente décharge fut dirigée sur les constables qui ne s’attendaient pas à une semblable riposte. Profitant du trouble qui en résulta parmi les soldats, les proscrits s’éloignèrent en toute hâte. Quelques balles sifflèrent dans l’air, mais n’atteignirent personne.

Les constables, se sentant vaincus, n’osèrent pas s’aventurer en si petit nombre dans la campagne, ils avaient deux blessés, ils rentrèrent au village.

Les proscrits venaient de franchir l’entrée du défilé, ils étaient sauvés.