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Que se passa-t-il à la chaumière ? La pauvre femme affolée ne sut pas sans doute dissimuler son chagrin, les constables comprirent que cette fois encore la mèche était éventée, que la jeune fille avait été prévenue.

— Mort de mon âme ! rugit le brigadier qui dirigeait l’expédition en personne ; il existe une police occulte mieux avisée que la nôtre. L’oiseau s’est envolé, il faut le poursuivre.

La porte ouverte, plusieurs objets renversés dans la cour révélèrent une évasion récente. Mais de quel côté ? Comment le savoir par une telle obscurité ? Les constables n’avaient pas heureusement à leur disposition un appareil de lumière électrique pour éclairer la campagne, leur lanternes sourdes ne leur découvraient pas un vaste horizon ; ils se séparèrent en deux bandes et ils explorèrent les environs.

— Nous sommes suivis, dit tout à coup Clary, j’entends des pas, mais nous avons un peu d’avance ; Colette, bientôt nous serons à l’abri.

Les constables, eux aussi, entendaient du bruit dans cette direction ; ils prirent le pas de course. Clary entraînait Colette haletante, dont la frayeur paralysait les mouvements.

— Qui vive ! cria tout à coup une voix rude.

— Nous sommes perdus, dit la jeune fille ; Clary, laissez-moi et sauvez-vous, on ne vous poursuivra pas.

— Vous laisser Colette ! me prenez-vous pour un lâche ?

— Non, mon ami, mais vous ne pouvez pas lutter seul contre tous, vous péririez sans me sauver.

— Allons toujours, peut-être leur échapperons-nous. Voilà l’entrée des tourbières, ce chemin m’est plus familier qu’à eux.

— Qui vive ! cria-t-on une seconde fois.

Une détonation se fit entendre.