Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 16 —

— Tais-toi, fit la mère, tu es un oiseau de mauvais augure ; j’ai l’idée, moi, que ce sera un garçon.

Pendant quinze jours la joie régna dans la pauvre chaumière, les plus doux songes hantaient toutes les têtes.

Le fermier avait payé son terme entier au bailli qui, surpris et satisfait, lui dit en se frottant les mains :

— Vous le voyez, mon cher Willy, j’ai eu raison de vous presser un peu. Rien de tel que de tenir ferme, vous êtes en règle maintenant tandis que dans six mois vous auriez eu une année en retard.

Le paddy leva légèrement les épaules, mais il était si heureux qu’il se souciait peu des observations du bailli. Dans les premiers jours de décembre, par une froide journée d’hiver, William, suivant les ordres de milady, courait au château pour lui communiquer la nouvelle attendue.

Malgré le temps rigoureux et la nuit qui approchait, lady Walwich ordonna d’atteler et partit pour la chaumière de Willy Podgey ; sa joie était extrême, mais elle n’en communiqua rien au jeune garçon.

Un grand mouvement régnait dans le cottage.

Milady descendit de voiture. Willy ne vint pas au devant d’elle, Tomy pleurait sur la porte.

— Que se passe-t-il donc ? demanda lady Walwich.

Le jeune homme leva la tête.

— Comment cela va-t-il ? reprit la dame.

— Bien, milady.

— Et votre frère, mon Édouard.

Tomy ne répondit pas.

Milady, inquiète, pénétra dans l’intérieur de la chaumière. Willy, sombre et triste, se tenait près du foyer ; un joli baby blanc et rose reposait dans l’élégant berceau.

— Édouard ! le voilà ! s’écria-t-elle.