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— Non, ils ne courent aucun danger, les constables ont déclaré que vous seule aviez des rapports avec nous et contre la volonté de vos parents ; n’avez donc aucune crainte pour eux et songez à votre sûreté.

La jeune fille réfléchit un instant.

— Je reste, dit-elle.

— Comme vous voudrez, Colette ; votre obstination nous perdra tous les deux.

Le jeune homme s’assit près de la porte.

— Que faites vous, Clary ? Si on vous prend vous êtes perdu.

— Je le sais.

— Fuyez donc, malheureux ; de grâce, partez.

— Colette, j’ai reçu la mission de vous sauver, je ne retournerai pas sans vous à la montagne. Entendez, ajouta-t-il en se levant, ils approchent, je vois briller leurs armes, quelques minutes encore et il sera trop tard. Ils ne vous toucheront point tant qu’il me restera un souffle de vie, mais lorsqu’ils m’auront égorgé sous vos yeux, Colette, que deviendrez-vous ?

La mère s’était précipitée vers la porte.

— Les voilà ! les voilà ! c’est bien vrai, je ne pouvais le croire ! Ma fille, sauve-toi, ils viennent te prendre, ils te tueront peut-être. Oh ! Clary, emmenez-la, sauvez-la. Va, mon enfant, fuis, il est temps encore.

Colette s’était jetée dans les bras de sa mère et ne pouvait se décider à la quitter. Cependant les constables arrivaient ; il n’y avait plus de doute, la chaumière allait être envahie, Clary saisit la jeune fille et l’entraîna de force après avoir dit à sa mère :

— Tâchez de les retenir un peu pour nous donner le temps de fuir.

Quand Colette et son sauveur atteignirent le petit chemin qui longeait le bas de leur champ, ils entendirent la voix du brigadier qui commandait halte ! à ses soldats.