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Clary lui prit la main.

— Venez, Colette, le temps s’écoule, hâtons-nous.

Il ajouta plus bas :

— Tomy vous attend.

La jeune fille tressaillit.

— Et mon mariage qui doit avoir lieu dans quinze jours.

— Vous n’épouserez personne dans quinze jours si vous restez ici. Colette, je vous offre le seul moyen de salut possible. Si votre innocence est reconnue, vous serez libre de revenir ensuite, mais il est prudent de fuir.

— Ma mère est là, je ne veux pas sortir sans l’embrasser ; elle mourrait d’inquiétude si elle ne me voyait pas rentrer.

Colette, quittant le jeune homme, s’élança dans la chaumière, Clary la suivit. Quand la mère apprit le danger qui menaçait sa fille, elle se livra à un violent désespoir.

— Tu es perdue, Colette, ma pauvre enfant ; tu auras beau dire, on ne te croira pas et William Pody n’est pas ici !

— Il ne pourrait rien, fit Clary.

— Si, il l’emmènerait à Cork.

— Croyez-vous que la police ne l’y trouverait pas ?

— Oh ! c’est affreux, m’enlever ma fille, les misérables. Qui a pu la dénoncer ?

— Un des constables qui a opéré l’arrestation de Tomy.

— Un monstre ! que l’enfer l’engloutisse ?

Un bruit qui se rapprochait peu à peu attira l’attention de Clary ; on distingua même bientôt le cliquetis des armes.

— Écoutez, dit-il, les voilà ; Colette, venez ou vous êtes perdue.

— Et mes parents ? Si je fuis, on les arrêtera.