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— Il faudrait donc la mettre en arrestation. Marbleu ! avoir fait tant de bruit pour arriver à ne saisir qu’une fille, ce serait nous couvrir de ridicule.

— À mon sens, reprit le constable, il faudrait aussi s’emparer de la personne de deux cabaretiers. On ne manquera pas de griefs à leur opposer ; qui nous empêche de dire que des hommes d’allures suspectes ont été vus chez eux le jour du crime ?

— Tu as l’esprit fertile en expédients, mon brave, j’en conférerai avec Sa Révérence ; peut-être quelques circonstances nouvelles se produiront-elles.

Les constables continuèrent à battre les buissons pour en faire sortir des conspirateurs ; enfin la veille de l’arrivée du nouveau landlord, le juge de paix et le brigadier décidèrent d’arrêter les deux cabaretiers et Colette Buckly, signalée coin me l’âme du complot ; car elle poursuivait de sa vengeance ceux qui avaient condamné Tomy Podgey. Colette était devenue tout à coup la Charlotte Corday de Greenish.

De leur côté, les proscrits veillaient ; ils avaient leurs espions dans le village, ils savaient tous les agissements de la police ; ils apprirent la décision qui devait atteindre Colette.

— Ah ! ah ! fit Gaspard, ce digne juge de paix veut aussi compter avec nous. Qu’il y prenne garde, s’il ne désire pas aller évangéliser les Anglais de l’autre monde. Lâche hypocrite, pour trouver des coupables aux yeux de son maître, il sacrifierait les innocents.

— On ne peut laisser arrêter Colette, dit Tomy qui était présent.

— Ils ne la toucheront pas, affirma Clary.

— Cette fois tu ne serais pas si miséricordieux, ricana Gaspard.

— Je n’hésiterai jamais à défendre un ami, répliqua O’Warn ; mais je refuserai toujours d’être un assassin.

— J’ai raisonné comme toi, jeune homme ; l’expérien-