Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 171 —

teuse ; je veux un châtiment exemplaire, mais juste. Je vais demander à Sa Seigneurie le gouverneur général à Dublin un corps de troupes qui fouillera la montagne, et cherchera les brigands jusqu’au fond de leurs repaires.

— On l’a déjà fait, mylord.

— Fort mal, monsieur, puisqu’on n’a obtenu aucun résultat ; ce n’est pas une excursion de quelques heures au milieu des neiges qui peut livrer les retraites cachées des bandits. J’attendrai que la saison soit favorable, les troupes mettront un mois s’il le faut, mais il n’y aura pas une motte de terre qui ne soit fouillée ; je dirigerai l’expédition en personne. Il est un moyen plus sûr de réussir, c’est à vous de le tenter, je vous offre un crédit illimité à cet effet ; celui qui dénoncera les coupables ou qui fera connaître le point de refuge des brigands touchera une prime importante. Marbleu ! au milieu d’une population de misérables, avec de l’or, on peut, quand on le veut, obtenir beaucoup de choses.

Le juge de paix et le brigadier promirent d’employer toute leur activité dans cette mission délicate ; ils le firent en effet avec le zèle des subalternes qui souvent vont au delà de la volonté du maître.

Tous les habitants furent interrogés individuellement ; malgré le proverbe injuste qui dit : « Mettez un Irlandais à la broche, vous en trouverez dix pour le retourner, » on ne put obtenir aucun aveu ; cependant les bandits avaient des complices, ils n’eussent pu seuls organiser ce coup. Quand une police de cette nature ne trouve pas de vrais coupables, elle en invente ; les constables voulaient prouver leur intelligence et plaire à Mylord ; le chef ordonna à ses hommes de dresser une liste des noms des habitants suspects d’entretenir les relations avec les proscrits.

Monbrigadier, dit Wilson, je vous signalais dans le temps des particuliers dont la conduite n’était pas