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œuvre d’apaisement, je réparerai les injustices commises, une ère nouvelle commencera pour le pays soumis à mon autorité, je vous en fais le serment. Votre générosité, O’Warn, a eu plus d’influence sur mon âme que les menaces de ces hommes égarés.

— Mes amis, dit Clary, il est de l’intérêt de nos compatriotes de permettre la réalisation de ces promesses ; en leur obtenant à l’avenir une administration juste et bienveillante nous leur rendons un immense service, tandis qu’un crime ne ferait qu’augmenter la somme de leurs maux. Mylord s’engageera à nous rendre à tous la liberté et nous facilitera les moyens de vivre honorablement.

— Éloigne-toi, Clary, tu ne commandes pas ici, fit le chef avec une explosion de colère. Tu as une âme lâche, indigne du nom que tu portes. Retire-toi, où je mêlerai le sang de l’irlandais dégénéré à celui de l’Anglais maudit.

— Lord Sulton, tu as entendu les accusations portées contre toi, qu’as-tu à répondre ?

Le landlord essaya de se défendre ; il dit que ses ordres étaient souvent mal exécutés, qu’on lui cachait la vérité, que les réclamations de ses tenanciers ne lui arrivaient pas ou étaient dénaturées ; il promit d’adopter une meilleure administration, il fit enfin appel aux doctrines de la religion catholique, la conciliation, le pardon.

— Ah ! vraiment, exclama Gaspard, il est commode d’opprimer les consciences, de persécuter les hommes et, lorsqu’on a encouru leur juste colère, on invoque les principes qu’on a combattus pendant des siècles. Perfides Anglais, le jour approche où vous aurez à répondre de tous vos crimes. Il se forme dans le monde entier, parmi les proscrits et les déshérités, un vaste mouvement de défense commune ; un plan d’attaque contre les tyrans de quelque nom qu’on les appelle.