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Le paddy l’ouvrit avidement.

— Tiens, femme, dit-il, ramasse cela soigneusement.

Jenny obéit, non sans avoir examiné le contenu de la bourse. En plus de la somme du fermage, il y avait l’argent nécessaire pour vivre jusqu’à l’arrivée du bienheureux héritier.

La brave femme joignit les mains avec extase en murmurant :

— Le ciel nous bénit dans cet enfant, il sera notre gloire et notre fortune.

— Ah çà, mon garçon, disait un des valets à Tomy, il faut employer tes bras à quelque chose pour le service de milady.

— De grand cœur, que faut-il faire ? demanda le jeune homme.

— Tâche de nettoyer comme il faut cette cour, on portera le sable nécessaire ; milady ne peut descendre ici.

— Soyez sûr que nous ne négligerons rien pour la recevoir de notre mieux, répliqua Podgey.

En effet, il travailla toute la journée avec son fils, le soir on n’eût pas reconnu la chaumière de Willy avec sa cour bien sablée, d’où la volaille avait été exclue ; la porte, les fenêtres étaient soigneusement lavées ; à l’intérieur Jenny et ses enfants avaient aussi frotté et essuyé ; les murs et le sol étaient d’une propreté parfaite et les vieux meubles vermoulus faisaient aussi bonne contenance que possible.

Milady vint quelques jours après.

— C’est bien, dit-elle en voyant tout si propre, vous avez fait de votre mieux, je ferai le reste.

Elle entra dans la chaumière accompagnée d’un homme à qui elle donnait des ordres. D’un regard rapide, la grande dame examina le pauvre logis.

— Je ne veux pas que mon héritier vienne au monde dans une étable, dit-elle. Denis, vous m’entendez ?