qu’ombrageaient pendant la belle saison des bouquets d’arbres, des herbes et des ronces ; au milieu de l’enclos un grand feu était allumé, la flamme éclairait de ses lueurs rougeâtres les visages menaçants des proscrits. Gaspard se tenait adossé à un rocher, son attitude était résolue, il posait la main sur le manche d’un poignard qui brillait à sa ceinture ; plusieurs hommes à l’aspect farouche se serraient auprès de lui, c’étaient ses lieutenants, ses créatures, ceux qui ne reculaient devant rien.
— Camarades, dit-il, l’heure de la justice a sonné, préparons-nous à frapper le grand coup. Le maître exécré qui opprime le pays a comblé la mesure. Il y a peu de jours deux paddies qui tiraient un lapin sur ses terres ont été tués comme des chiens ; d’autres célébraient une fête en dansant autour d’un feu de joie ; cela a déplu au landlord ; il a lancé plusieurs domestiques armés qui ont fait feu sur les innocents paddies et en ont blessé plusieurs grièvement ; l’un est mort, les autres gisent sans secours sur la paille infecte de leur cottage. Les malédictions s’élèvent de toutes parts, le sang répandu crie vengeance.
— Jack, mon enfant, approche-toi, parle le premier ; que devons-nous faire ?
Le jeune garçon s’avança, son pâle visage était contracté par la douleur, sa voix étouffée ne prononça qu’une seule parole :
— Vengez ma mère !
— Bien, mon enfant, tu seras satisfait. Et vous camarades, qu’en pensez-vous ?
— Vengeance ! vengeance ! s’écrièrent les bandits en agitant leurs poignards.
— Avec votre assentiment, reprit le chef, je déclare que lord Sulton a mérité la mort ! que vous en semble ?
— La mort ! la mort ! s’écrièrent les Outlaws.