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— Relevez-vous, ma brave femme, je ne puis souffrir ces scènes de sensibilité.

— Milady, je veux vous remercier de tant de générosité.

— Je vous répète que vous ne me devez rien. Calmez-vous et soyez sans inquiétude, je ne veux pas que mon Édouard naisse au milieu de préoccupations fâcheuses.

Milady jeta un regard sur la pièce pauvre et délabrée, elle se leva avec la brusquerie qui la caractérisait.

— C’est bien, dit-elle, je reviendrai. James, mes fourrures.

Le laquais posa sur les épaules de sa maîtresse le chaud vêtement ; milady sortit sans répondre aux témoignages de respect et de reconnaissance des pauvres gens.

— Willy, c’est un grand bonheur ! dit la mère du futur Édouard.

— Oui, c’est un grand bonheur ! répéta son mari qui ne pouvait croire à la réalité de ce qui venait de se passer. Les enfants suivaient des yeux l’élégante calèche et les laquais galonnés.

— Mère, dit Susy, notre petit frère aura une belle voiture comme cela ?

— Oui, ma chérie.

— Il sera très riche, reprit Georgy.

— Et nous le serons aussi, ajouta Tomy.

— Nous ne manquerons plus de pommes de terre, dit la petite Mary.

— Nous aurons des choses bien meilleures, répartit William.

— Quoi donc, du pain blanc ? fit l’enfant qui en avait vu, mais n’en avait jamais goûté.

— Fi, petite sotte, tout ce que mangent les riches.

Le lendemain matin, deux domestiques de milady se présentèrent ; l’un d’eux remit à Willy une bourse.