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abîmes insondables pourraient seuls révéler le secret de ses effroyables déchaînements.

Tomy ne pouvait se lasser de contempler ce tableau, ses yeux se mouillaient de larmes, il joignit les mains et murmura :

« Ô Dieu, qui avez fait la création si belle, pourquoi l’homme est-il donc si malheureux. »

Grave problème que de longs volumes ont essayé d’expliquer et dont nous ne trouverons qu’au ciel la véritable solution.

La main de Clary se posa sur l’épaule de Tomy.

— Pardon, mon cher ami, si je vous arrache à votre extase, mais nous ne sommes pas venus ici admirer le merveilleux spectacle de l’Océan.

— Que c’est beau, Clary ; ne le trouvez-vous pas ?

— Mon ami, j’ai éprouvé comme vous des ravissements véritables à la vue de la mer ; j’y suis habitué maintenant et puis, vous le dirai-je, les flots exercent sur moi une attraction irrésistible ; quand je vois les vagues frangeant la rive d’une écume diamantée, que le soleil, s’abaissant à l’horizon, plonge ses rayons empourprés dans les ondes, je crois entendre des voix mystérieuses, s’élevant du fond des abîmes, qui m’appellent ; l’Océan semble s’entreouvrir devant moi. C’est une hallucination, un délire ; plus d’une fois j’ai dû me cramponner aux rochers pour m’arracher à cette dangereuse vision.

La mer, voyez-vous, pour le malheureux qui souffre serait l’oubli, la fin des maux, l’onde le bercerait sur un lit d’algues vertes et l’endormirait d’un sommeil éternel…

— Où se réveillerait-il ? interrompit Tomy.

— Hélas ! soupira le descendant des O’Warn, Dieu ne permet pas que noue rejetions notre fardeau de douleur.

Clary passa la main sur son front comme pour en