Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 145 —


XIV

LES CONTREBANDIERS


L’expédition projetée pour le lendemain fut retardée à cause du mauvais temps ; la grande accumulation des neiges rendait les chemins impraticables, il fallut attendre une quinzaine de jours.

L’hiver touchait à sa fin ; un vent tiède venant de la mer avait amené le dégel ; des hauts sommets glacés, les eaux s’écoulaient en brillantes cascades, scintillant sous les rayons du soleil ; le lac reprenait sa calme mobilité ; les arbres se dépouillaient de leur parure de givre ; dans ce mouvement de la nature échappant aux dernières étreintes de l’hiver, on entrevoyait l’espoir prochain d’une saison meilleure.

Clary partit avec six montagnards, Tomy était du nombre et il se félicitait de la diversion qui s’offrait à lui.

La côte était à peine à trots lieues de là par les routes tracées, mais la prudence commandait aux proscrits de se tenir le plus près possible de la montagne et de rechercher les bois et les endroits inhabités. Cette manière de voyager allongeait considérablement le chemin, aussi, quoique partis au point du jour, ils n’atteignirent pas la côte avant midi.

Tomy éprouvait un véritable enchantement en se trouvant pour la première fois en face de la mer.