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figure fausse et méchante. Tomy, quelque chose me dit que cette aventure nous portera malheur.

— Allons, Clary, chassez ces pensées lugubres, vous n’avez pas vu le spectre des O’Warn.

— Peut-être le verrai-je bientôt.

— Nous avons les moyens de déjouer les plus actives recherches de la police, et soyez sûr que Colette veillera sur nous.

Clary baissa la tête et s’absorba dans ses réflexions.

Tomy pensait à ce que Colette lui avait dit, et comme ses paroles ne renfermaient rien de ce qu’il aurait voulu y voir, il cherchait à donner à l’intonation de la voix de la jeune fille l’expression d’un sentiment caché qu’il croyait lire dans son cœur. Colette l’aimait, il n’en doutait plus et une inexorable nécessité allait l’enchaîner à William. Comment rompre ce mariage et arracher Colette à ec rival exécré ?

Tomy passait ses jours et ses nuits à chercher ce moyen, il ne le trouvait pas. Que pouvait-il, en effet, lui proscrit, réduit à se cacher pour échapper à la justice ? Il était mort à son pays, au bonheur, à toutes les aspirations de la vie. S’il parvenait à fuir à l’étranger, il s’éloignerait à jamais de Colette. Non, il aimait mieux vivre parmi les Outlaws de la montagne que de ne plus revoir la jeune fille.

Il était tard quand les deux amis rentrèrent près de leurs compagnons ; les contrebandiers entouraient un grand feu et causaient en fumant. Clary et Tomy rendirent compte du résultat de la mission qu’on leur avait confiée, ils se gardèrent bien de parler de l’aventure de William Pody.