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— Je ne vous connais pas, je ne vous veux aucun mal, fit William.

— Je suis un proscrit et, en perdant Tomy, vous nous perdez tous ; mes compagnons ne me pardonneraient point d’avoir épargné un ennemi. Je ne suis pas un assassin, mais ici je me trouve dans un cas de légitime défense.

— Clary, vous ne le ferez pas, je vous en supplie, cet homme est mon fiancé. Tous deux vous me devez la vie, en échange de ce service, je vous demande de laisser William Pody.

— Il faut qu’il jure alors de ne pas nous dénoncer.

— Je le jure, dit William, très effrayé sous le pistolet du proscrit.

Était-il sincère en faisant ce serment ? Il n’aurait pu le dire lui-même, en ce moment de trouble.

— Peut-on se fier à sa parole ? reprit Clary.

— Oui, répondit Colette, William est emporté, jaloux, mais il n’est pas méchant.

— Nous le surveillerons d’ailleurs et, s’il essaie de nous trahir, nous saurons le retrouver.

Clary entraîna son compagnon et ils disparurent tous deux dans l’obscurité.

— Comment étiez-vous là ? demanda Tomy au jeune homme lorsqu’ils se retrouvèrent seuls.

— Je vous sais très imprudent et j’ai craint que votre désir de voir Colette ne vous mît en danger, je suis arrivé à temps. Ce Pody ne m’inspire aucune confiance, j’ai eu tort de lui faire grâce ; je n’ai pu résister à la prière de Colette.

— Vous avez bien fait, Clary, pas plus que moi vous n’aimez à verser le sang.

— Non, mais ce traître fera peut-être couler le nôtre.

— Il a juré de ne point nous trahir.

— Je ne me fie guère à son serment, cet homme a une