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les propos des autres jeunes gens. Si donc vous voulez ne point me dépaire, Tomy, éloignez-vous de suite.

— Quand a lieu votre mariage, Colette ?

— Dans trois semaines.

— Êtes-vous heureuse ?

— Certainement.

L’amertume de son sourire démentait ses paroles, le jeune homme ne s’y méprit pas ; il se rapprocha de Colette et lui prit la main.

— Adieu, dit-il, ma pensée…

Il n’acheva pas, Colette poussa un cri d’effroi, la lame d’un poignard brilla dans la demi-obscurité. La jeune fille voulut se jeter entre les deux hommes, elle n’en eut pas le temps ; une main énergique avait fait sauter le poignard de William Pody et maintenait celui-ci immobile.

— Je suis vaincu cette fois, fit-il avec rage, mais nous nous retrouverons, Tomy Podgey.

— À vos ordres, répliqua Tomy ironiquement, je vous attendrai chez moi, dans la montagne.

— J’irai, je vous le jure, je sais le chemin, je connais votre repaire, bandit, incendiaire ; oui, j’irai et je ne serai pas seul. Ah ! je saurai me venger ; Colette, je vous avais prévenue, vous l’avez voulu.

— Non, je ne l’ai pas voulu, reprit la jeune fille ; vous l’avez entendu, il va partir, je lui ai dit de ne plus revenir.

Le défenseur de Tomy, qui n’était autre que Clary O’Warn, tenait toujours l’agresseur, se demandant s’il ne ferait pas bien de le tuer. Il avait tiré son revolver et le dirigeait déjà vers William.

— Clary ! s’écria la jeune fille en saisissant le bras du proscrit, ne le touchez pas, je vous en conjure.

— Colette, je serais coupable de laisser vivre un homme qui va exercer contre nous une terrible vengeance.