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nait auprès d’elle et lui souriait. Ce n’était pas William. La jeune fille s’éveilla en prononçant le nom de Tomy.

Ce rêve la rendit songeuse toute la journée ; vers le soir elle sortit de sa chaumière pour aller à la prairie chercher les vaches et les ramener à l’étable. Elle vit une ombre se détacher d’un taillis, un homme de haute taille, enveloppé d’un manteau s’approcha d’elle.

— Ne craignez rien, Colette, dit-il, c’est moi.

— Tomy ! fit-elle en étouffant un cri.

Puis se rappelant les paroles de William.

— Éloignez-vous, Tomy, de grâce, votre présence ici est un danger ; déjà à cette même place…

— C’est à cette même place, Colette, que je veux vous remercier de ee que vous avez fait pour moi.

— Vous êtes un noble cœur, Tomy, je ne doute pas de votre dévouement ; mais n’essayez plus de me revoir, vous vous perdriez. Si vous saviez !…

— Je voulais vous dire un dernier adieu, Colette. La destinée nous sépare, soyez heureuse. Moi, je partirai, la vie que je mène ne me convient nullement ; ma famille désire profiter d’une occasion pour quitter l’Irlande.

— Puisse-t-elle se présenter bientôt, je serai satisfaite, Tomy, quand je vous saurai hors de tout danger. Mais partez, partez vite, il me semble que j’entends du bruit.

Tomy ne bougea pas, les deux jeunes gens causèrent quelques instants à voix basse.

— Quittez-moi maintenant, dit Colette ; si William savait que je vous ai parlé, il serait furieux. Ne revenez plus, de grâce. Tomy, vous exposez votre vie et vous pouvez attirer sur moi et les miens de grands malheurs. Je suis une honnête fille, du moment que j’ai consenti à épouser William Pody, je ne dois pas écouter