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police est éveillée ; prenez garde, vous savez que la justice de Mylord n’épargne pas plus les femmes que les hommes.

— Hier, on en a donné la preuve, répondit Colette. Assassiner une pauvre vieille femme malade qui ne faisait aucun mal !

— Elle était en communication avec les bandits.

— Le savez-vous ? Quand on veut commettre un crime, il est facile de trouver un prétexte. C’est horrible ! Je n’y puis penser sans frémir.

— Colette, je vous en prie, dans votre intérêt, oubliez les événements auxquels vous avez été mêlée depuis un mois et surtout ne retournez jamais du côté de la montagne.

La jeune fille tressaillit.

— Je n’y vais pas, je ne sors plus ; que peut-on trouver à reprendre dans ma conduite ?

— Colette, vous y êtes allée avant-hier, je le sais ; grâce à vous les proscrits ont pu se soustraire aux recherches de la justice.

— Quelle fable ! dit la jeune fille en haussant les épaules. Vraiment, William, avez-vous le don de seconde vue ?

— Ma simple vue suffit.

Colette cessa de plaisanter et le regarda fixement, soupçonnant la vérité.

— Si vous voulez me dénoncer, William, vous pouvez faire ; j’avoue que j’ai été à la cabane de Jane, mais pour le savoir vous m’avez donc suivie ?

— Vous êtes folle, Colette, de supposer que je pourrais vous dénoncer ; je vous préviens au contraire, afin d’éviter que d’autres que moi ne le fassent nn jour. Vous êtes injuste à mon égard, pourtant je vous témoigne une indulgence sans pareille. Je pourrais vous adresser des reproches et je ne le fais pas ; cependant