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XIII

IMPRUDENCE


Colette apprit avec consternation la mort de la vieile Jane et tout le village maudit l’autorité qui avait commis cette nouvelle exaction ; mais il fallait renfermer en soi son indignation, sous peine de s’attirer un châtiment semblable.

La jeune fille, plus triste et plus découragée que jamais, ne quittait guère son cottage. Elle était changée, une pâleur maladive couvrait son visage, ses yeux se cernaient, ses lèvres ne connaissaient plus le sourire.

William Pody s’inquiétait de la voir dépérir, il essayait de la distraire et espérait qu’en quittant Greenish elle retrouverait sa gaieté. Il était lui aussi sombre et taciturne, une ardente jalousie dévorait son âme ; il savait, à n’en pouvoir douter désormais, l’intérêt que Colette portait à Tomy et l’éloignement qu’elle éprouvait pour lui ; mais sa passion, au lieu d’en être diminuée, s’augmentait au contraire. Les deux fiancés étaient donc très malheureux et cet état de choses ne pouvait se prolonger longtemps.

— Colette, dit William, le lendemain du jour où les constables avaient visité la montagne, vous laissez trop voir, ma chère, la sympathie que vous éprouvez pour les proscrits ; chacun en parle avec des commentaires peu aimables à mon sujet et même l’attention de la