Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 129 —

En disant ces mots, il simula le mouvement qu’il ferait faire à sa victime ; son pied glissa sur le sol glacé et son élan le jeta la tête la première dans le brasier. Quand on l’en retira, sa tête était déjà calcinée.

Devant cette manifestation de la colère divine, les soudards s’arrêtèrent frappés de terreur ; ils cessèrent leurs chants et leurs cris et, prenant le cadavre de leur camarade, ils s’éloignèrent sans jeter un regard de pitié à la malheureuse qui agonisait sur la glace.

La pauvre femme blessée ne pouvait bouger et ses membres s’engourdissaient rapidement. Jack, au désespoir, ne savait quel parti prendre. Aller demander du secours au village, il n’en avait pas le temps, c’était trop loin et sa mère s’affaiblissait de plus en plus.

— Jack, mon enfant, dit-elle, je vais mourir, j’aurais bien voulu voir un prêtre, je ne le puis pas, que le bon Dieu prenne pitié de moi ; je pardonne à mes bourreaux comme Il a pardonné lui-même ; je te bénis, mon fils bien-aimé, que la Providence prenne soin de toi.

Le jeune garçon la serrait dans ses bras, essayait de la ranimer par sa tendresse, mais la vie de la pauvre femme était brisée, Jack bientôt poussa un cri déchirant et s’affaissa sur le corps inanimé de sa mère.