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— Ah ça, la vieille, dit le brigadier, attise ton feu, car nous n’avons pas chaud, malgré cinq heures d’un dur exercice. Tu vas aussi nous servir du whiskey. Il n’a pas payé les droits, mais c’est égal, il n’en sera pas moins bon. Allons, ne me fais pas répéter.

— Monsieur, on vous a trompé ; je suis une pauvre femme, je n’ai pas le moyen de me procurer une liqueur chère.

— Bah ! tes amis de la montagne t’en fournissent abondamment. Obéis de bon gré et vite, car nous avons besoin d’être réconfortés.

— Je le voudrais bien, mais je n’ai qu’un pot de petite bière que j’ai brassée moi-même.

— Allons, les amis, dit John, à vous de découvrir la cachette.

La vieille femme resta impassible.

Les constables fouillèrent la cabane en tous sens, ils ne trouvèrent rien ; avisant au dehors un tas de tourbe assez considérable, ils eurent la fâcheuse idée d’aller creuser en cet endroit et mirent à découvert un petit baril de whiskey.

— Bravo ! fit le brigadier, une double ration à celui qui a eu l’adresse de dénicher le trésor. Pardieu ! ma bonne femme, c’est pour tenir ta liqueur au frais que tu la renfermes si soigneusement ?

Le baril fut ouvert et les constables, se plaçant à l’entour, s’abreuvèrent à longs traits ; la fumée de l’ivresse troublait déjà plus d’un cerveau, les rires, les chants, les plaisanteries grossières se croisaient, l’orgie était complète.

La vieille femme et son fils regardaient les militaires avec crainte, ils redoutaient de subir le contre-coup de leur humeur, rendue plus farouche encore par la boisson.

Quand le whiskey fut épuisé jusqu’à la dernière