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sez d’exploits pour qu’on ne leur parle pas de leur honte ; nous aurons notre revanche et d’abord vous savez que celui qui s’emparera de Gaspard, le fameux brigand, touchera cinq livres sterling.

L’appât d’une forte récompense et l’amour-propre du métier stimulaient les constables ; malgré les difficultés du terrain, la glace, le froid intense, ils fouillèrent très avant la montagne, ils rencontrèrent quelques cabanes désertes, mais aucune trace d’habitants.

— Nous sommes floués, on les a prévenus, j’en étais sûr, fit Wilson.

— Morbleu ! s’écria le brigadier, je n’en aurai pas le démenti, je les trouverai ! Mais pour un temps raisonnable, tous les enfoncements des rochers sont encombrés de neige, on ne peut avancer davantage sous peine de disparaître dans ces fondrières.

Une même rage animait tous ces hommes, ils se sentaient humiliés de rentrer au village où les rires et les quolibets ne leur manqueraient pas.

Depuis quatre heures, ils exploraient tous les sentiers, cherchant sous la neige à découvrir les grottes qui pouvaient donner accès à des retraites souterraines mais le blanc linceul qui couvrait la terre et les rochers ne permettait de rien distinguer.

Les constables épuisés, affamés, exaspérés, se décidèrent à battre en retraite.

— Il ne sera pas dit que nous serons venus pour rien ; la vieille sorcière et son serpent de fils paieront notre course inutile, fit John Macly.

La petite troupe se dirigea vers la cabane de Jane qui ayant mis en lieu sûr ses marchandises prohibées, ne s’effraya pas de la visite de la police ; elle y était habituée. Jack comprit que les constables n’avaient rien trouvé dans la montagne, il s’en réjouit.

Les militaires envahirent la cabane et se jetèrent sur la fougère, comme des hommes harassés.