Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 123 —

— Une belle fille, ma foi ! interrompit le brigadier en frisant sa moustache ; une fort jolie personne, même !

— Je ne dis pas le contraire, mais je n’en suis pas moins sûr qu’elle a aidé à l’évasion de Tomy Podgey.

— La belle Colette a le cœur sensible, ricana John Macly.

— Très sensible, je l’affirme.

— Ah ça ! vieux dur à cuire ; tu as l’air d’en tenir contre la belle, est-ce que tu aurais été mal reçu ?

— Sauf votre respect, mon brigadier, vous me blessez subséquemment. Je suis un homme rangé, un père de famille, un digne constable.

— La dignité des constables consiste à saisir les coquins, rien de plus ; en dehors du service, corbleu ! on a le droit de ne pas être plus farouche que d’autres, pas vrai, les amis ?

— Pardieu ! répliquèrent les constables.

— Wilson ne pardonne pas à Colette de l’avoir gracieusement emprisonné dans les mailles d’un filet, dit un camarade.

— Vraiment ! reprit John Macly en éclatant de rire, c’est là une jolie aventure. Wilson, la charmante Colette aurait-elle voulu t’apprivoiser ?

— Pading peut rire à son aise, fit le constable d’un ton bourru, que ne parle-t-il aussi de la balle qu’il a reçue pour avoir essayé de faire le galant cavalier.

— Diable ! Colette est donc terrible !

— Elle avait un défenseur dans le taillis, Tomy Podgey.

— Ah ! je commence à comprendre. Ma parole ! je ne ferai pas un crime à une jeune fille d’avoir sauvé son défenseur.

— Si elle n’avait pas été en relation avec les bandits, elle n’eût pas pu monter ce coup de main qui a été une honte pour les constables de Greenish.

— Allons, mon brave, les constables ont accompli as-