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moins continué, les biens des catholiques étaient confisqués et donnés aux Anglais protestants.

« Le parlement irlandais, composé en majorité de partisans de la maison d’Orange, loin de protéger l’Irlande à l’égard du parlement anglais et de servir de contrepoids à la tyrannie que celui-ci exerçait sur le pays, prit part à la confection de ces lois flétries par l’histoire.

« Les membres du clergé avaient été exilés en masse et ne pouvaient rentrer sous peine de mort ; une prime de cinq livres sterling était offerte à celui qui révélerait le lieu on se cachait un évêque, un prêtre ou un moine.

« Des lois aussi barbares étaient édictées contre les particuliers, opprimant toutes leurs libertés. Les parents ne pouvant placer leurs enfants que dans des écoles protestantes et n’ayant pas le droit de les faire instruire chez eux, ni de les envoyer à l’étranger, étaient forcés de les laisser dans une ignorance absolue. D’ailleurs, les emplois publics et les professions libérales étant interdites aux catholiques, ainsi que le commerce et l’industrie, l’instruction devenait moins nécessaire. L’Irlandais n’avait aucun droit civil, pas même celui d’acquérir ; sa liberté de père de famille ne lui était pas conservée, il ne pouvait être le tuteur de ses enfants, ni disposer de son bien et si un de ses fils, l’aîné surtout, se faisait protestant, il n’était plus que le fermier de ce fils et ne pouvait tester en faveur de ses autres enfants restés fidèles. L’Irlandais était donc réduit à devenir manœuvre ou tenancier de ses nouveaux maîtres.

« Telle était la position de mes parents qui avaient conservé précieusement leur foi.

« — La vie est courte, répétait souvent mon père, et l’éternité ne finira pas ; souffrons donc avec patience nos maux présents, Dieu récompensera notre constance.

« Il est mort martyr de ses convictions religieuses et patriotiques, que sa mémoire soit bénie ! »