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flocons blancs qui les surchargeaient ; le lac dormait sous une épaisse couche de glace, quelques touffes flétries de joncs et de roseaux formaient une végétation perçant cette surface immobile. Les cascades, malgré leur mouvement rapide, ressentaient les atteintes de l’hiver ; de longues stalactites pendaient aux rochers et obstruaient le cours de l’eau, la cime des montagnes se confondait avec le ciel blafard chargé de nuages de neige, une certaine obscurité mêlait déjà les teintes du paysage.

Jack tira de sa poche un sifflet et ce signal convenu annonça son arrivée aux proscrits. On était assez près des cabanes du bord du lac ; la fumée s’échappait des toits, un certain mouvement régnait dans cette partie de la montagne.

Deux hommes vinrent au-devant de lui ; c’étaient Tomy et Clary O’Warn.

Le jeune garçon transmit fidèlement le message de Colette et recommanda à ses amis la plus grande vigilance.

— Merci, mon enfant, dit Clary, nous ne redoutons ici qu’une surprise, ton intelligent dévouement nous en a déjà préservés plus d’une fois, toutes les dispositions seront prises pour déjouer les recherches de la police ; mais j’ai peine à croire que les constables se hasardent dans nos montagnes par un temps pareil.

— Le landlord l’a ordonné et vous savez que les difficultés de l’exécution ne l’arrêtent pas.

— Eh bien ! on fera une visite au fameux souterrain. Cela dérange un peu nos opérations ; aujourd’hui nous avons reçu un envoi considérable d’alcool, enfin nous avons le temps de le mettre à l’abri pendant la nuit.

Le jeune garçon quitta aussitôt les montagnards ; en s’en retournant, il remarqua sur la neige des empreintes de pieds beaucoup plus grands que les siens.

— J’étais suivi, se dit-il.