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la chambre nuptiale, il ne toucha point à sa femme, ne lui adressa même pas la parole, mais au contraire l’éloigna avec mépris.

Le lendemain il alla vers elle et lui dit : « Bonjour, fille du menuisier !

— Deux fois bonjour à toi, ô fils du Sultan ! lui répondit-elle.

— Que faut-il pour que la mariée soit considérée comme pure ? ajouta-t-il.

— Il faut qu’elle soit d’une blancheur immaculée, dit-elle.

— C’est parce que je le sais que je ne t'approcherai jamais, dit sèchement le prince.

— Que votre volonté soit faite, dit timidement la jeune fille, et que Dieu vous prolonge la vie. »

Cet état de choses dura un certain temps, puis, un beau jour, le prince eut envie de faire une promenade en dahabieh ; il donna, à cet effet, les ordres nécessaires et s’embarqua, se promettant de se distraire.

Sa femme s’en aperçut ; elle s’habilla avec un luxe étonnant, fit apprêter une magnifique dahabieh[1] et s’y embarqua en grande pompe



  1. Bateau de voyage sur le Nil.