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UN ATHLÉTISME AFFECTIF

vent à la thérapeutique courante. Il y a beaucoup moins d’issues grossières à notre humaine affectivité.

Beaucoup moins d’appuis que l’on puisse indiquer et où baser l’athlétisme de l’âme.

Le secret est d’exacerber ces appuis comme une musculature que l’on écorche.

Le reste est achevé par des cris.

Il faut pour refaire la chaîne, la chaîne d’un temps où le spectateur dans le spectacle cherchait sa propre réalité, permettre à ce spectateur de s’identifier avec le spectacle, souffle par souffle et temps par temps.

Ce spectateur ce n’est pas assez que la magie du spectacle l’enchaîne, elle ne l’enchaînera pas si on ne sait pas où le prendre. C’est assez d’une magie hasardeuse, d’une poésie qui n’a pas la science pour l’étayer.

Au théâtre poésie et science doivent désormais s’identifier.

Toute émotion a des bases organiques. C’est en cultivant son émotion dans son corps que l’acteur en recharge la densité voltaïque.

Savoir par avance les points du corps qu’il faut toucher c’est jeter le spectateur dans des transes magiques. Et c’est de cette sorte précieuse de science que la poésie au théâtre s’est depuis longtemps déshabituée.

Connaître les localisations du corps, c’est donc refaire la chaîne magique.

Et je peux avec l’hiéroglyphe d’un souffle retrouver une idée du théâtre sacré.


N. B. — N’importe qui ne sait plus crier en Europe, et spécialement les acteurs en transe ne savent plus pousser le cri. Pour des gens qui ne savent plus que parler