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Le Bardo est l’affre de mort dans lequel le moi tombe en flaque, et il y a dans l’électro-choc un état flaque par lequel passe tout traumatisé, et qui lui donne, non plus à cet instant de connaître, mais d’affreusement et désespérément méconnaître ce qu’il fut, quand il était soi, quoi, loi, moi, roi, toi, zut et ÇA.

J’y suis passé et ne l’oublierai pas.

La magie de l’électro-choc draine un râle, elle plonge le commotionné dans ce râle par lequel on quitte la vie.

Or, les électro-chocs du Bardo ne furent jamais une expérience, et râler dans l’électro-choc du Bardo, comme dans le bardo de l’électro-choc, c’est déchiqueter une expérience sucée par les larves du non-moi, et que l’homme ne retrouvera pas.

Au milieu de cette palpitation et de cette respiration de tous les autres qui assiègent celui qui, comme disent les Mexicains, raclant pour l’entamer l’écorce de sa râpe, coule de tous côtés sans loi.