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faut pour remplacer la quantité qu’on en a tirée. Par exemple, supposons qu’on laisse une demi-pinte de lait dans le pis de la vache, non seulement cette demi-pinte se trouvera perdue, mais à la traite suivante on tirera une demi-pinte de moins que l’on en aurait tiré si la vache eût été bien traite la fois précédente ; qu’une autre demi-pinte reste encore à la seconde traite, il en manquera une pinte entière à la troisième, et l’on pourrait continuer ainsi jusqu’à ce que la vache soit tout à fait tarie, et que l’on ne puisse plus tirer une goutte de lait de son pis : au lieu que si l’on trait bien une vache, elle pourra finir par donner plus de lait qu’elle n’en avait fourni d’abord, ou au moins elle continuera à en donner pendant très long-temps, peut-être pendant plusieurs années sans beaucoup de diminution, si elle est bien soignée sous les autres rapports.

Voici encore une raison pour laquelle le propriétaire d’une laiterie doit être très circonspect dans le choix des personnes auxquelles il confie le soin de traire ses vaches, et pour laquelle aussi il doit les surveiller avec vigilance : c’est que la manière dont on trait les vaches influe beaucoup sur la quantité du lait qu’on en peut tirer. Si cette opération est faite rudement, elle devient pénible à la vache ; mais si elle est faite doucement, elle semble au contraire lui faire plaisir ; et, comme cette bête possède la singulière faculté de retenir son lait quand elle Le veut, il est très important pour le propriétaire que les personnes qu’il a pour traire les vaches soient douces et plaisent à ces animaux. L’auteur a vu plusieurs exemples de vaches, qui ne voulaient pas donner une seule goutte de lait quand c’était une fille qui se présentait pour les traire, et qui le laissaient couler en abondance dès qu’une autre s’approchait d’elles ; montrant dans ce dernier cas des marques de satisfaction non équivoques, et, dans l’autre, d’une obstination que rien ne pouvait vaincre. Pour la