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ardoise qui est le plus estimé ; le rouge et le blanc sont des teintes peu recherchées. Les vaches toutes blanches sont ordinairement moins robustes et leur lait n’est point aussi substantiel. En général, ces animaux pèsent de quatre à cinq cents livres à l’âge de quatre ans, et se vendent alors de cent à cent cinquante francs. Les plus grosses vaches n’excèdent pas le poids de six cents livres.

Il n’est pas rare d’en trouver qui donnent huit à dix pots de lait par jour, dans la saison des pâturages ; le terme moyen est de cinq à six pots[1]. Un troupeau composé de quinze vaches, soixante brebis et six chèvres, produit cinquante à cinquante-cinq formes de fromages, du poids de vingt-cinq à vingt-huit livres, non compris trois quintaux environ de beurre et une quantité plus ou moins grande de serai ou fromage secondaire que l’on retire du petit-lait, et qui ne se consomme que dans le pays.

C’est au milieu du mois de juin, lorsque les vicissitudes de la saison ne s’y opposent point, que l’on envoie les troupeaux aux pâturages ; ils paissent, jusqu’au mois de septembre, époque à laquelle on mène à la foire de Suze (23 septembre) les animaux que l’on ne veut point faire hiverner. Les autres rentrent à l’étable aussitôt que la neige commence à blanchir les prairies. Quelques propriétaires les envoient dans les plaines du Piémont, ou dans les vallées de la Savoie, à d’autres cultivateurs, qui les tiennent à cheptel jusqu’à la Sainte-Marguerite (le 10 juin).

Le régime des vaches, pendant l’hiver, consiste dans du foin et de la paille en quantité modérée ; on les abreuve à l’eau blanche, et après le vêlage, on ajoute à leur nourriture ordinaire, pendant deux mois environ,

  1. Le pot pèse quatre livres et se divise en quatre quartains.