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LE DESTIN DES ÉTOILES

croire qu’un certain lac du Tibet, — le lac Lakker-tso, — avait jadis son niveau à 133 mètres plus haut qu’aujourd’hui. Si cela indique que la sécheresse a produit son effet dans ces régions-là, le fait n’est pourtant pas aussi évident que pour les grands lacs salés intérieurs aux continents : la mer Morte, le Grand Lac salé d’Utah, la mer Caspienne, où partout le sel s’est amassé par suite d’évaporation. Nous savons pertinemment que le Grand Lac salé d’Utah avait, à une époque relativement récente, une étendue beaucoup plus grande qu’aujourd’hui. Son eau contient encore 22 p. 100 de sel ordinaire, sans parler de quelques autres ingrédients. La mer Morte en contient 25 p. 100. Dans la Caspienne la proportion varie beaucoup. Près de l’embouchure de la Volga elle est très faible, environ 0,15 p. 100. Elle augmente à mesure qu’on s’avance vers le Sud, et atteint 1,32 p. 100 au droit de la presqu’île d’Apcheron, puis 5,63 dans la baie de Kaidak. Du côté d’Asie, dans la baie de Karaboghaz, la teneur en sel s’élève à 28,5 p. 100. On a calculé que les « graus » ou rivières qui se jettent de la mer Caspienne dans cette baie de Karaboghaz, lui apportent annuellement 350 000 tonnes de sel, qui se dépose en partie sur ses rives, et en partie aussi sur son fond.

Cette dessiccation, cependant, n’est encore rien comparée au phénomène qui a assuré la formation des puissants dépôts de sel de l’Europe centrale. Nous pensons que ce dépôt a dû se faire dans une baie peu profonde qui s’étendait vers le sud en partant de l’Océan Arctique. À mesure que les

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