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LA VAPEUR D’EAU ET LES CLIMATS

pour réjouir l’œil, aucun son n’y interrompt le terrible silence de mort, sinon le bruit de la caravane en marche.

« Par suite de l’avance très lente des chameaux, et du retard causé par la perte de notre route, nous n’avons fait que 25 kilomètres pendant notre étape de nuit. Après quatre heures de repos nous reprenons notre marche, et nous dirigeons nos pas vers les collines appelées Kellehper, qui sont à 20 kilomètres de Bala-haus. On les voyait fort bien, mais elles semblaient fuir à notre approche. Je me trouvais en tête de la caravane, et je m’assis au pied de cet amas de sable. Jamais je ne saurais décrire l’impression d’abattement et d’écrasement qu’il m’était impossible de secouer, en portant le regard dans la solitude fantastique qui m’entourait. Quelques nuages isolés interceptaient les rayons du soleil, mais l’air était chaud et lourd, la lumière diffuse donnait un ton uniforme et attristant à la surface grise et brûlante du désert. À peine une faible nuance variait-elle la couleur pour donner un peu de relief aux espaces immenses qu’embrassait l’œil. L’immobilité absolue de tout point de ce funèbre paysage, jointe à l’absence totale de tout bruit produisait une dépression accablante de l’esprit. On avait le sentiment de se trouver en un endroit frappé de mort à jamais, un endroit où jamais la vie ne renaîtrait sinon par quelque terrible catastrophe de la nature. On pouvait se croire témoin du commencement de l’agonie de mort de notre planète. »

Une observation de Sven Hedin permet de

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