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LE DESTIN DES ÉTOILES

envahisseur. Le sable n’a occupé jadis qu’une surface moins grande, cela est démontré par les découvertes archéologiques faites dans la partie orientale du désert, par divers voyageurs et par moi-même. Le fond dur et consolidé que l’on trouve à la base des Bayirs du désert de Cherchen rappelle fortement le sol actuel du Kevir. C’est la même poussière fine, noire qui forme une surface presque horizontale. Dans les deux cas cette matière trempée d’eau se transforme en une vase dans laquelle on s’enfonce sans rémission. Mais au Turkestan l’eau s’est perdue plus bas, et, les pluies étant infiniment plus rares, on peut se risquer partout sur le terrain des Bayirs sans courir le moindre risque. »

Les terrains que nous venons de décrire sont d’un intérêt très grand en ce qu’ils nous font voir les changements qui surviennent à la surface d’une planète en voie de lente dessiccation. Ils furent l’objet d’une expédition qu’organisa en 1858 la Société Géographique de Petrograd, et qui, sous la direction de Khanikoff parcourut ces régions. L’ouvrage de Sven Hedin : Par terre aux Indes, auquel nous avons emprunté les citations qui précèdent, nous donne encore la description très impressionnante qu’en fait Khanikoff : « Nous atteignons enfin le 4 avril au matin Bala-haus. En cet endroit on peut voir des restes d’un réservoir ruiné, privé depuis longtemps de son eau. Le désert y avait revêtu le caractère parfait du « pays maudit » que lui donnent les indigènes. Pas la moindre touffe d’herbe, pas le moindre signe de vie animale

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