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LA VAPEUR D’EAU ET LES CLIMATS

espèce de vie. Vers les bords de ce lac de boue on rencontre de petites bosses ou des dépressions ; autrement, et dans toute l’étendue, la surface est aussi plate que celle d’un lac.

Le Kevir est obligé de se défendre contre les sables mouvants comme le fait l’eau dans le Turkestan oriental. Mais le sable paraît devoir gagner. À la suite des tempêtes, de larges étendues du Kevir sont recouvertes de sable jaune désertique. Sven Hedin embrasse dans ses observations des laps de temps très importants, car selon lui il n’y aurait pas eu de modifications topographiques de quelque importance depuis le temps d’Alexandre le Grand. Voici ce qu’il dit a ce sujet : « Si les changements du climat de la Perse continuent à évoluer dans le même sens, il faut admettre que la fondrière du Kevir perdra de son humidité, que l’afflux d’eau diminuera, et qu’avec le temps il se solidifiera de plus en plus ; le sable y trouvera un terrain plus propice pour prendre pied et pour envahir des espaces. La fin finale des transformations physiques et géographiques qui sont en cours actuellement sera sans doute la transformation totale du Kevir en un désert de sable, du genre de celui du Turkestan oriental. Et inversement il est permis de croire que ce désert, qui a fait partie jadis d’une mer méditerranéenne asiatique, a été, dans le cours des temps, comblé par les produits de la désintégration tels que ceux que nous montre aujourd’hui le Kevir. Son étendue de boue aqueuse et d’argile a fini par se dessécher à un point suffisant pour supporter le sable qui arrivait en

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