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LE DESTIN DES ÉTOILES

Hedin. Les montagnes soumises à l’érosion des tempêtes de sable ressemblent à des ruines dilapidées, qui subsisteraient comme les témoins des alpes de jadis. Mais aujourd’hui la poussière des steppes du Turkestan oriental est réduite à un état de finesse tel, qu’elle reste souvent suspendue dans l’air pendant plusieurs jours, après quelque tempête, révélant sa présence dans la haute atmosphère, par des couchers de soleil d’une splendeur exceptionnelle. De longues dunes sont formées par le vent, et ces dunes se déplacent dans la direction où il souffle. Le sable est ferrugineux, il est rouge, et devient jaune rougeâtre parla pulvérisation. Mouillé, il devient brun ou noirâtre. À la suite des pluies, l’eau coule vers les vallées, entraînant avec elle ces sables sous forme de boues, l’évaporation de l’eau en fait à son tour une pâte noirâtre plastique, qui glisse comme un glacier sur les pentes, et vient enfin s’arrêter dans quelque creux, qu’elle remplit peu à peu. Ces agglomérations de boues portent en Perse le nom de « Kevirs ». Leur surface se dessèche, leur fond reste humide. À mesure que l’évaporation superficielle continue, la masse s’enrichit de plus en plus en sel, et l’on voit se former, pendant les périodes sèches, de véritables croûtes salines qui les recouvrent.

D’autres districts du même genre, comme par exemple dans la vallée du Tarim, laissent apparaître parfois de l’eau dans leurs parties basses. C’est ce qu’on appelle des « bayirs », qui sont assez semblables aux Kevirs, ou encore qui consistent en petits lacs salés, enclavés entre des

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