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LE DESTIN DES ÉTOILES

et hiver. L’air humide était au repos, stagnant, et rempli d’épais brouillards dès que se produisait le moindre écart de température. Le manque de lumière était un obstacle au développement des fleurs, et la luxuriance de la végétation se portait sur les fougères et sur les prêles. Les pins, les sapins étaient encore rares. Dans les régions marécageuses, où la vie végétale était plus intense, les conditions offertes aux plantes ressemblaient beaucoup à celles d’une serre devant les vitres de laquelle on aurait étendu un voile épais de façon qu’un crépuscule perpétuel y régnât.

Dans un climat aussi uniforme, la vie végétale devait nécessairement se développer beaucoup plus vigoureusement que la vie animale. Les nuées denses pouvaient emmagasiner des quantités de chaleur dans la zone équatoriale, dans leurs couches supérieures ; par leur évaporation les vents violents qui régnaient au-dessus de la région nuageuse emportaient ces vapeurs aqueuses vers des régions plus froides, où la chaleur était de nouveau libérée par la formation d’autres nuages. Aujourd’hui les courants océaniens pourvoient largement à ce transport de chaleur. Ils donnent, par exemple, à la côte norvégienne, et à vrai dire, à toute l’Europe occidentale son climat si remarquablement doux, propice à la vie et à la civilisation. Mais pendant la période carbonifère, ce sont les courants d’air humide qui remplissaient la même fonction. Leur vitesse était bien supérieure à celle des courants océaniens ; ils n’étaient ni gênés ni déviés par les

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