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LE DESTIN DES ÉTOILES

vers ses formes élémentaires, ou qu’elle se soit même éteinte, s’y produira-t-il une faune ou une flore qui aura des ressemblances avec celles qui aujourd’hui réjouissent nos yeux. Vénus deviendra peut-être alors cette Reine des Cieux que vénéraient déjà les Babyloniens, non plus à cause de son éclat brillant mais parce qu’elle sera peut-être devenue le séjour des êtres vivants les plus supérieurement organisés de notre système solaire.

Les anciens se sont imaginé que le sort des hommes pouvait se lire dans les étoiles, et cette croyance a persisté avec la puissance d’une véritable religion jusqu’à il y a peu de siècles. De très grands astronomes partageaient cette foi, surtout Tycho Brahe, qui fit de grands efforts pour l’appuyer par des recherches. On en rencontre encore aujourd’hui de nombreuses traces dans les croyances populaires. Nous nous trouvons maintenant avoir vérifié la réalité de ces croyances, mais dans un sens tout différent de celui qu’acceptaient nos ancêtres. Les planètes, en effet, nous font connaître l’état de notre globe lorsque la vie y manifesta ses premiers signes. Et nous y lisons aussi des prophéties concernant le sort qui, peut-être après des millions d’années, atteindra les derniers descendants des générations actuelles.

Dans un sens, cependant, les rêves de nos ancêtres ne se sont pas réalisés, à savoir, en ce qui concerne la possibilité que les autres globes de notre système soient habitables. Le grand philosophe Kant croyait que les conditions des étoiles

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