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MERCURE, LA LUNE ET VÉNUS

la poussière météoritique gardera sa teinte naturelle, qui est gris verdâtre, et donnera ainsi cette couleur au linceul funéraire de la terre.

Les conditions que nous pouvons reconnaître pour s’appliquer à notre lumineuse voisine, la planète Vénus, sont toutes différentes. Vénus est à la fois près du Soleil et près de nous, et cette proximité a conduit à en faire un objet d’intérêt pour les hommes depuis une haute antiquité. Aujourd’hui, nous sommes conduits, par le calcul, à lui assigner une température moyenne d’environ 47 degrés, en partant de l’estimation de la radiation solaire sur notre globe de 2 calories par centimètre carré et par minute. L’humidité doit y être environ six fois plus forte que sur la terre, ou trois fois celle qui règne au Congo, où la température moyenne est de 26 degrés. À une hauteur de 5 000 mètres au-dessus de la surface planétaire de Vénus, l’atmosphère contient à peu près autant de vapeur d’eau que celle de la terre à l’altitude zéro, c’est-à-dire au niveau de l’océan. Il faut en conclure que tout y est ruisselant d’eau. Et cependant il ne semble pas que les orages aqueux doivent y causer des chutes de pluie plus abondantes que chez nous. La formation des nuages y est énorme, et d’épaisses nuées emplissent l’atmosphère jusqu’à une hauteur de 10 000 mètres. La chaleur solaire directe ne parvient pas au sol, mais elle est absorbée par les nuages, produisant une intense circulation de l’air, qui remonte les vapeurs aux couches supérieures, où elle se condense à nouveau en nuages. Il se forme ainsi une barrière effective

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