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LE DESTIN DES ÉTOILES

ultérieur de notre globe terrestre quand, le soleil se refroidissant petit à petit, l’obscurité et le froid s’installeront, il faut assimiler son état à celui de Mars, et non à celui de la lune. Les océans se glaceront graduellement, et leur solidification finira par en atteindre le fond. Les pluies diminueront en abondance. Les neiges seules apporteront encore des modifications à une surface qui deviendra désertique et sableuse dans toute l’étendue des continents. Ceux-ci seront garnis de fentes ou de fissures, descendant dans les roches sous-jacentes, et elles feront à la surface des traînées noires causées par les gaz qui s’échappent de l’intérieur. Quand les régions équatoriales auront atteint une température moyenne de zéro, ou au-dessous, les régions polaires seront les seules où une faible couche superficielle pourra encore fondre au milieu de l’été. C’est là que les derniers organismes vivants pourront traîner une existence précaire, si un long hiver permet le sommeil de leurs graines ou de leurs spores. Cette dernière manifestation de la vie s’éteindra à son tour, et il ne restera plus comme manifestation de mouvement ou d’activité, que le passage des tempêtes de sable, ou la sortie des gaz par les fissures du sol, pour faire varier la désolante monotonie générale. Mais la chute des poussières météoriques continuera sans doute. On ne les trouve aujourd’hui qu’au fond des océans, mais peu à peu elles recouvriront la terre d’un manteau ocreux dû à l’influence oxydante de l’atmosphère. Quand cet oxygène aura, à son tour, été absorbé en entier,

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