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LE DESTIN DES ÉTOILES

qui s’y produit vers l’espace. Cette température reste probablement à 200 degrés au moins au-dessous de zéro. Toutes les dissolutions salines que nous connaissons s’y prennent donc en glace, en précipitant leurs sels bien avant d’atteindre ce degré de froid. Il serait impossible à aucune humidité de subsister dans cette région, à l’état fluide. D’autre part, il n’en peut guère rester non plus du côté échauffé par le soleil, par suite de l’évaporation, et de la fuite des vapeurs vers le côté froid. De tout ceci il ressort que la surface de Mercure doit être plus désolée encore que celle de Mars, et qu’il n’y a guère à supposer aucun changement dû à des variations de température. Il est vrai que par suite de la libration, quelques faibles parties situées aux approches du terminateur peuvent de temps en temps être éclairées par le soleil puis retomber dans la nuit. Mais pendant ces instants d’éclairement, le peu d’humidité qui peut y exister, sera sans nul doute chassé à son tour, pour n’y revenir jamais.

La lune, notre satellite, n’est pas dans un état aussi absolument inerte que Mercure, bien que dans l’ensemble elle ait une ressemblance étroite avec cette planète. Elle tourne perpétuellement sa même face vers nous, — sauf par suite d’une légère libration — et il en résulte que chaque moitié de sa surface est alternativement éclairée par le soleil pendant une moitié du mois synodique, qui est de 29,53 jours. Cette durée est assez longue pour que la surface soit près d’atteindre la température qui résulterait d’un éclairement indéfini.

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