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LA PLANÈTE MARS

comprendre que les canaux remplis d’eau, puissent s’allonger en lignes droites, sans tenir compte des différences d’altitude des régions traversées ? Comme toutes les rivières de la terre, ils seraient obligés de se conformer à la topographie des lieux, même s’ils avaient été construits par des ingénieurs.

Quand le gel des hivers s’empare de ces canaux, on les a toujours vu disparaître en même temps que les lacs ou oasis, à leurs points de croisement. Ils se recouvrent alors de cette poussière jaune rougeâtre qu’apporte le vent de leurs environs. Quand un canal est sur le point de réapparaître, il se manifeste d’abord par un fin trait sombre, qui est évidemment le résultat de l’action de l’humidité sur l’oxyde de fer. Parfois une apparence de brouillard précède la manifestation du canal. Il semble évident que l’air froid, humide, reste dans les vallées, là comme ici, et qu’il cède son humidité aux sels déposés au fond, ce qui fait apparaître le canal comme une ligne sombre. Parfois encore le voisinage prend une teinte plus foncée, qui indique que là aussi, de l’humidité a été absorbée. Les sels les moins hygroscopiques se sont déposés aux environs des canaux. Peut-être le ton verdâtre des canaux provient-il en partie du contraste des environs rouges, couleur complémentaire, peut-être de matières finement divisées contenues dans le liquide. Enfin il est possible que la cause se trouve dans l’effet réducteur qu’exercent sur l’oxyde de fer les gaz sulfureux qui s’échappent des fissures : une très faible quantité de ces

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