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LE DESTIN DES ÉTOILES

Plus l’air est humide, plus ces bandes sont marquées. Si donc on se prenait à observer la surface de la lune, qui manque totalement d’atmosphère, — et conséquemment aussi de vapeur d’eau, — puis ensuite la surface de Mars, on devrait apercevoir une certaine différence entre les deux spectres, à condition que l’atmosphère de Mars contienne une quantité appréciable de vapeur. Les « bandes de pluie » devraient être considérablement renforcées dans la lumière envoyée par Mars, attendu que cette lumière aurait traversé deux fois l’atmosphère de la planète, à son arrivée et à son départ, tandis que la lune ne pourrait modifier les rayons de la lumière solaire. Dans les deux cas, il est vrai, certaines bandes de pluie doivent être perceptibles, attendu qu’il est impossible de se soustraire à l’effet de la vapeur d’eau de notre propre atmosphère. Seulement dans les deux observations, cet effet est exactement le même. Deux observateurs de réputation mondiale, Huggins et Janssen se sont livrés à des études de ce genre. Ils ont cru avoir démontré qu’il existe bien de l’eau vaporisée dans l’atmosphère de Mars. Mais depuis eux, Campbell, l’éminent directeur de l’observatoire Lick a fait des observations du même ordre en 1894, puis encore un astronome français, M. Marchand, les a répétées en 1890 et 1898, tous deux dans des conditions extraordinairement favorables. Campbell a installé ses appareils à 1 283 mètres au-dessus de la mer, et Marchand même à 2 860 mètres. Or ni l’un ni l’autre de ces savants n’a trouvé aucun indice de la pré-

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