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LE DESTIN DES ÉTOILES

s’est graduellement et continûment refroidie. Cette théorie avait cependant à lutter contre le fait que certaines époques froides, dites glaciaires, constatées à sa surface, ont été de nouveau suivies par d’autres époques plus chaudes. Pour trouver à ces faits une explication, on supposa d’abord, suivant une suggestion de Croll, que les périodes glaciaires de l’hémisphère Nord avaient pour contrepartie des périodes chaudes de l’autre hémisphère, et réciproquement. Il aurait pu en résulter que la température moyenne du globe eût décru d’une façon continue, malgré les fluctuations superficielles des deux hémisphères. Dans les régions équatoriales ces variations périodiques ne pouvaient pas se faire sentir. Cette vue s’est cependant trouvée erronée, car la période glaciaire a laissé des traces fort nettes, sous les tropiques, même sous l’équateur, au Kilimandjaro, en Nouvelle-Guinée, et ailleurs. On penche aujourd’hui plutôt à croire que sur toute la surface de la terre, la température devait être, pendant la durée de la dernière grande période glaciaire, inférieure à celle d’aujourd’hui de 4 à 5 degrés. On est arrivé à ce point de vue en mesurant la différence de hauteur entre les pieds des glaciers actuels, et les points que ces glaciers ont atteint jadis, lors de leur plus grande extension. Il semble, à l’examen, que les immenses nappes de glace, qui ont jadis recouvert l’Europe du Nord, l’Amérique du Nord-Est, l’Amérique du Sud, le long de la côte du Chili, dans l’Argentine, et encore dans l’île méridionale de la Nouvelle-Zélande, aient toutes existé simultanément.

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