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ATMOSPHÈRE DES CORPS STELLAIRES

tourne toujours une même face vers le soleil. Il en résulte que la face opposée, qui ne reçoit jamais aucun rayon solaire, doit avoir une température extrêmement basse, voisine du zéro absolu (−273°). Aucun point de notre lune n’a probablement une aussi basse température. Il en résultera que tout corps qui possède une tension de vapeur appréciable doit s’évaporer, s’échapper vers la partie froide, et s’y condenser en masses solides ou en couches de givre, où il ne restera plus de pression gazeuse sensible. Par cette raison, Mercure ne peut avoir aucune atmosphère appréciable. Il ne reste donc, dans toute la série de planètes et de satellites de notre système solaire, que deux corps, en dehors de la terre, qui soient pourvus d’une atmosphère à proprement parler, savoir : Mars et Vénus.

Les mêmes conclusions s’imposent à nous par l’étude de la faculté qu’ont les planètes de réfléchir la lumière solaire qui les éclaire. Là où il existe une atmosphère, il existe aussi, répandus en elle, des nuages de vapeur ou de glace, des poussières, soulevées par l’agitation gazeuse. Les particules de ces corps en suspension réfléchissent la lumière bien plus efficacement que la surface solide ou fluide de la planète elle-même. Or la lune réfléchit 7,3 p. 100 de la lumière qu’elle reçoit. Mercure, 6,9 p. 100[1]. Ces deux chiffres sont si rapprochés qu’ils peuvent être considérés comme ne différant que de l’erreur inévitable d’observation.

  1. Voy. Russell. Proceedings Nat. Acad. of Sciences, 1916.
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