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LE DESTIN DES ÉTOILES

grandes planètes, ou du moins pour la plus grande partie d’entre eux[1].

Notre précédent raisonnement concernant la lune s’applique également bien à la planète Mercure. Là, il est vrai, la vitesse devra atteindre une et demie fois celle des molécules sur la lune, pour pouvoir s’échapper. Mais d’autre part, la température à la surface de la planète aux endroits que celle-ci tourne invariablement vers le soleil, est beaucoup plus élevée, et atteint environ 400 degrés. Les molécules gazeuses y atteignent des vitesses 1,26 fois supérieures à celles qu’elles ont aux points les plus échauffés de notre lune. Mercure serait donc mieux en état de retenir les gaz à sa surface que la lune, mais cette différence est faible. Des observations directes, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, indiquent qu’il n’y a guère de différence entre les deux sous ce rapport. On pourrait supposer peut-être que certains gaz plus lourds, qui, s’ils existent dans la lune, seraient condensés et liquéfiés, ou même solidifiés, resteraient gazeux à la surface de Mercure, en raison de sa température plus élevée, et auraient ainsi la possibilité de constituer une atmosphère. Ce serait cependant une erreur. Les observations de Schiaparelli et de tous ses successeurs conduisent à croire que cette planète, pendant ses révolutions,

  1. Récemment, M. H. N. Russell, de Princeton, a publié des études sur l’albedo des satellites. Ses observations semblent établir que les satellites I, II et III de Jupiter, et Titan, le plus grand satellite de Saturne, auraient d’assez fortes enveloppes gazeuses.
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