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LA VAPEUR D’EAU ET LES CLIMATS

le manque d’eau écarte aujourd’hui toute possibilité d’un établissement humain. Mais on alimentait autrefois ces villes par des aqueducs souvent très longs, et splendides, dont les ruines subsistent aujourd’hui encore comme témoins. Nous avons les meilleures raisons de croire que la décadence de la population, comme de la culture, dont on accuse volontiers la diminution des pluies et de l’humidité générale, sont entièrement la conséquence de l’intervention fâcheuse de l’homme dans la nature.

On a trouvé au Maroc, sur des rochers, des sculptures qui représentent par des procédés essentiellement simples, de grands mammifères, tels que des éléphants, des rhinocéros, des girafes, qui n’y existent plus, et qui n’y sauraient exister, faute d’une nourriture suffisante. Mais ces œuvres d’art rudimentaires, qui ont beaucoup de rapport avec celles des Boschimans d’aujourd’hui, prennent date dans l’âge préhistorique, et remontent à ce qu’on appelle l’ère paléolithique. Et à cette époque-là il n’est plus contesté que le climat fut bien plus humide qu’aujourd’hui.

Les mêmes observations s’appliqueraient, selon Sven Hedin, à l’Asie Centrale et à la Perse. Là aussi, le climat a certainement été plus humide, mais non dans les temps historiques. La campagne d’Alexandre le Grand vers l’Inde eut lieu dans des conditions tout aussi défavorables que celles que l’on trouve aujourd’hui encore dans les régions du Bélouchistan. Les villes de ces contrées étaient alimentées d’eau par des rivières dont quelques-unes leur étaient contiguës, mais dont

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