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l’évolution des mondes

lumière réfléchie par la Lune servait d’élément de comparaison. J’ai soumis au calcul le résultat de ces mesures, et j’ai trouvé que l’air de Mars, dans le voisinage de son équateur, doit contenir environ 2,14 gr. d’eau en vapeur, par mètre cube. Les régions équatoriales de cette planète ont sans doute, à un très haut degré, un climat continental, analogue approximativement à celui de Salt-Lake City (Utah), en été, où l’humidité relative n’est que de 33 p. 100. Au point auquel se rapporte l’observation faite sur Mars, la température serait d’environ 5° C. On l’avait précédemment évaluée à 10 degrés à l’équateur et zéro degré aux pôles, en été, à cause de la disparition, observée parfois, des glaces polaires, ainsi qu’il a été indiqué déjà plus haut.

La spectroscopie a fourni encore des indices de l’existence d’autres gaz, par exemple pour Jupiter et Saturne. On remarque en effet une raie intense dans la partie rouge du spectre de ces planètes (de 0,000618 mm. de longueur d’onde). D’autres composés, de nature encore inconnue, ainsi que beaucoup d’hydrogène, selon Slipher, ont été trouvés dans les spectres d’Uranus et de Neptune. Par contre la Lune et Mercure n’ont aucune atmosphère, ou tout au plus y en a-t-il une absolument insignifiante.

Ces faits sont aisés à expliquer. À la surface de Mercure, le côté opposé au soleil est à une température très voisine du zéro absolu. Tous les gaz de l’atmosphère de ce corps doivent s’y réunir et s’y condenser. Si donc Mercure a eu primitivement une véritable atmosphère il doit l’avoir perdue lorsqu’il a cessé d’avoir une rotation propre, pour tourner perpétuellement vers le soleil une même face. Des arguments analogues peuvent s’appliquera notre satellite, pour rendre compte de l’absence d’atmosphère.

Si, comme le soutiennent un grand nombre d’astronomes, Vénus tournait toujours, comme Mercure, un même hémisphère vers le soleil, elle ne pourrait avoir aucune atmosphère,